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de l’Union Départementale
des Syndicats CGT du CHER

CNE : Témoignages de précaires

Il faut dire STOP au CPE
samedi 4 mars 2006 par WEBMASTER site CGT UD du CHER

La galère des contrats précaires

(extrait NVO du 3 mars 2006)

En autorisant le licenciement sans motif pendant deux ans, les contrats première embauche et nouvelle embauche (CPE et CNE) renforcent le lien de subordination des salariés à l’égard de l’employeur et les plongent dans une totale précarité. Le CPE/CNE ressemble en fait à un CDD renouvelable deux fois 365 jours.

Témoignages.

VANESSA, DELPHINE, CATHY, SANDRINE, HENRI, LAURENCE ET LES AUTRES.
Ils ont moins de 25 ans et ont tous été recrutés en CNE par le gérant de l’enseigne Bazarland, sise à Douarnenez dans le Finistère. Ils font des journées à rallonge - « jusqu’à 18 heures de travail d’affilée » - avec un contrat à temps partiel, mais l’employeur ignore les heures supplémentaires. Le bonhomme passe ses colères à longueur de journée sur les employés. « C’est moi le patron et vous êtes là aussi pour supporter mes excès », assène-t-il. Brimades, insultes, injures sexistes, tout y passe. Delphine vomit chaque matin avant de se rendre au travail. Le médecin a fini par l’arrêter. Motif : « dépression pour cause de harcèlement ». II lui a conseillé de démissionner pour sauvegarder sa santé. « Ce n’est pas l’envie de démissionner qui me manque, réplique Cathy. Mais je sors déjà d’une période de chômage. J’ai un petit garçon à charge et il faut que je tienne coûte que coûte. » Quand Laurence demande l’autorisation de s’absenter pour assister à l’enterrement d’un ami, elle essuie un refus au motif que c’est la période des soldes. Et le patron lui commande de rester tout sourire devant les clients ! Celui ou celle qui tente de se rebiffer se voit aussitôt menacé de prendre la porte. Une vendeuse vient de se faire licencier parce qu’elle a refusé de venir travailler l’un de ses jours de repos. « Ce contrat de travail nous réduit à l’esclavage  », commente Vanessa. « Personne n’est certain de revenir travailler le lendemain, on est dans une situation de précarité totale  », ajoute Sandrine. « D’ailleurs, le Crédit Agricole a refusé de m’accorder un prêt pour l’achat d’une voiture au prétexte que je n’avais pas un emploi stable ». En l’espace de trois mois, une vingtaine de salariés, tous embauchés en CNE, sont passés par le magasin. Certains ont démissionné, la plupart ont été licenciés. Le patron a prévenu : « Avec le CNE, je peux licencier qui je veux, quand je veux et je n’ai de compte à rendre à personne. »

Vincent est carrossier, peintre et mécanicien. Il a plus de 20 années d’expérience professionnelle derrière lui. À la suite d’un licenciement économique, il décroche un emploi dans un garage Renault à Paris : c’est un CNE ou rien. Il prend, naturellement. Son patron le « jette » deux mois plus tard, sans explication. Interrogé par une journaliste de France 2, le licencieur refusera de donner une explication. Vincent se sent humilié, déconsidéré. Sans travail, il ne peut même plus envisager de faire une demande de logement qui lui permettrait de reconstruire sa vie avec son amie. Il galère« d’hôtel en hôtel, souvent insalubres, pour 200 euros par semaine.  »J’irai manifester le 7 mars, pour la première fois de ma vie, contre le CPE/CNE", annonce-t-il.

Delphine signe un contrat d’apprentissage avec la gérante du salon JCD Coiffure au Blanc-Mesnil. Puis un contrat de qualification. Au total, trois années d’expérience en qualité de coiffeuse débutante dans le même salon. C’est donc en toute logique que l’employeur lui propose ensuite un CDI. Il s’agit plus précisément d’un CNE, mais peu importe à Delphine qui est trop heureuse de signer son premier
« vrai contrat de travail ». Entre-temps, la gérante engage une autre salariée en contrat de qualification et Delphine est chargée de la former. Ce qu’elle fait sans se poser de question. Jusqu’au jour où elle reçoit une lettre de licenciement. « J’ai compris qu’on s’était servi de moi pour former une autre jeune qui coûte moins cher à mon employeur », commente-t-elle, avec beaucoup d’amertume.

Michel et Daniel sont employés en CDI depuis trois ans dans une entreprise de BTP à Sallanches, en Haute-Savoie. Un jour, l’employeur demande à Michel de rester sagement chez lui en prétextant une baisse de l’activité. Il est licencié quelques jours plus tard pour cause d’« absentéisme » ! Daniel lui apprendra qu’il a été remplacé par un salarié embauché en CNE.

Daniel à son tour, bien qu’ayant toujours donné satisfaction dans son travail, vient de recevoir coup sur coup trois lettres d’avertissement et une convocation à un entretien préalable au licenciement. « Il est probable que le patron cherche aussi à me remplacer par un salarié engagé en CNE », analyse-t-il.

Franck est embauché en CNE à la SARL du Moulin, une entreprise de travaux forestiers, située à Carcans dans le Médoc. Il effectue en moyenne 5o heures de travail par semaine. Son patron « omet » de lui payer ses heures supplémentaires le premier mois. Idem le second mois. Le troisième mois, Franck se décide à faire remarquer cet oubli à l’employeur. Pire, le chèque accuse un manque à gagner de 800 euros par rapport au « net à payer » inscrit sur la fiche de paie. Mais le patron reste muet. Franck signale l’anomalie au bureau du personnel, mais toujours pas de réponse. Il envoie un courrier, qui ne reçoit pas plus de réponse. Cette fois-ci il proteste en menaçant de saisir le conseil des prud’hommes. L’employeur dépêche alors son fils auprès de Franck, pour lui remettre un chèque de 800 euros. « Ma joie a été de courte durée, puisque j’ai reçu une lettre de licenciement le lendemain ». Franck a l’intention de répondre.

Pierre est peintre en bâtiment dans une petite entreprise de quinze personnes en région parisienne. Il est embauché précisément le 5 juillet 2005 en CDI. Chaque fin de mois, c’est la croix et la bannière pour toucher son salaire. L’employeur paie en liquide, toujours en plusieurs fois... Mais pour les mois de novembre et décembre 2005, plus rien. Pierre réclame encore son dû veille de Noël. Son patron lui remet grassement la somme de 800 euros, toujours en liquide, accompagnée d’une lettre de licenciement. Comme il est infoutu de préciser le motif du licenciement, il explique à Pierre qu’il l’a engagé en CNE et n’a donc pas de compte à lui rendre. Pas de chance, le CNE n’existait pas encore le 5 juillet 2005 Pierre va donc assigner son patron devant les prud’hommes. « Mais en attendant, j’ai trois mois de loyer impayés et les huissiers aux fesses. Je fais comment ?  », interroge-t-il.

Joseph est barman à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Embauché en CDI depuis sept ans dans le même établissement. Il est licencié en décembre 2005, quand le propriétaire cède l’affaire. Le successeur propose à Joseph de le reprendre en CNE. Il est payé au Smic sur une base de 39 heures de travail par semaine, alors qu’il en effectue plus de 50. Il travaille en fait autant qu’avant, samedi et dimanche compris, mais gagne 500 euros de moins. Tout juste le montant de son loyer, remarque-t-il. Puis son nouvel employeur lui propose carrément de le payer « au noir ». « J’ai refusé, car je veux cotiser pour ma retraite », s’indigne Joseph. Il est congédié le jour de son retour de congés. Sans explication, évidemment.


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